Le danger des comparaisons chez les jeunes espoirs
Lorsque vient le temps d’analyser un jeune en vue d’un prochain repêchage, la question qui nous revient souvent dans les commentaires est la suivante: »à qui le comparez-vous? » Parfois, les comparaisons boiteuses commencent en très bas âge et en agissant ainsi, on ne rend clairement pas service aux jeunes qui aspirent à la NHL un jour. Plusieurs acteurs sont en cause dans le phénomène des comparaisons boiteuses. D’abord, les médias aiment bien mettre en en-tête qu’un tel est le prochain Dominik Hasek ou le prochain Joe Sakic par exemple. Toutefois, lorsque certains médias comparent LE STYLE d’un jeune à celui d’un ancien joueur NHL, souvent les lecteurs tiennent pour acquis que le jeune DEVIENDRA ce joueur. Et on veut y croire chez ces lecteurs, coûte que coûte…
Tout est dans la perception en fait. Il n’y a rien de mal à affirmer qu’un jeune joueur fait penser à une ancienne gloire de la NHL dans sa façon de jouer. La nuance est très importante à comprendre lorsqu’on avance de telles comparaisons. Malheureusement, la perception demeure souvent ainsi: tel joueur deviendra tel joueur. Pourquoi je parle de cela dans le présent article ? C’est en lisant la manchette d’Athony Martineau via TVA Sports que j’ai encore constaté qu’une comparaison laborieuse à l’égard d’un jeune de 12 ans s’est avérée très mauvaise pour le développement de ce dernier. Le texte parle du cheminement de Xavier Parent, joueur de 19 ans au sein du Phoenix de Sherbrooke. Comme l’explique Martineau dans son texte, Parent était vu comme »le prochain Mario Lemieux » et »le prochain Sidney Crosby » alors qu’il n’était âgé que de 12 ans.
Tout son hockey mineur, ce fut cette réputation qu’il a traînée parce que le président d’un tournoi peewee AAA de Waterloo a décidé jadis d’étiqueter Parent ainsi. Au tournoi international de hockey peewee de Québec, plusieurs faisaient la file pour un autographe de Parent. L’attention envers le jeune fut alimentée également par les médias, qui se sont abreuvés des paroles du président pour ainsi constamment créer des attentes à l’égard de Parent. Ainsi, le jeune arrivait dans le Midget AAA avec une projection de talent si haute que s’il n’atteignait pas les standards, il allait être automatiquement catégorisé comme un flop.
C’est ce qui est arrivé malheureusement. Comme l’explique Anthony Martineau dans son excellent texte, Parent a connu des difficultés pour la première fois de sa carrière dès ses débuts en LHJMQ. À Halifax, »il n’était plus le moteur offensif de l’équipe » et cela lui a joué beaucoup dans la tête. Veut veut pas, quand tu te fais dire que tu seras le prochain Mario Lemieux dès 12 ans, ça te reste dans la tête à 17 ans, dans la LHJMQ, alors que tu ne réponds plus aux attentes.
Il faut donc cesser de toujours croire en ces fameuses comparaisons. Oui, on peut dire qu’un jeune, dans son style, fait penser à un joueur en particulier. Par contre, cette fameuse phrase trop souvent utilisée doit être éradiquée du vocabulaire médiatique: »il est le prochain… » C’est souvent faux et surtout, c’est souvent nuisible. C’est faux de dire que Cole Caufield sera un Johnny Gaudreau. Son style de jeu peut s’apparenter beaucoup à celui de l’attaquant des Flames, mais lancer tout bonnement comme tel que Caufield deviendra Gaudreau – un marqueur de 90 points dans la NHL – on crée ainsi de faux espoirs.
Je vous suggère de lire l’article d’Anthony Martineau au complet. Un bel entretien entre le journaliste et Xavier Parent, qui aspire encore à la NHL même s’il a dû passer par de sales moments.
Il y a quelques années, on le surnommait «le prochain Mario Lemieux». Aujourd’hui, la réalité est toute autre. Voici la rocambolesque histoire de Xavier Parent, du @PhoenixSherbroo. Un gros merci à lui pour son ouverture et sa générosité.⬇️https://t.co/wI10lSWTvq
— Anthony Martineau (@Antho_Martineau) November 24, 2020
Commentaires